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Claude Chiasson
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© Mise à jour le 7 septembre 2014

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Collection Les Génies de la musique, CD No 09: Souvenirs et impressions d'Espagne
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 Pièce 
Compositeur / Interprète
 Titre 
        L'Espagne fut mise au goût du jour par les romantiques, de Chateaubriand à Théophile Gautier, de Dumas à Mérimée. Sans oublier les gravures de Gustave Doré, parues dans Le Tour du monde illustré. Il y avait là du pittoresque à profusion. De quoi séduire les compositeurs autant que les peintres. Un genre était né l'hispanisme musical, chaud en rythmes et haut en couleurs. Peu importait si certains compositeurs ne connaissaient le folklore hispanique qu'à travers des arrangements approximatifs. L'essentiel était le dépaysement. D'ailleurs, Bizet, qui n'avait jamais franchi les Pyrénées, écrivit néanmoins une partition d'une vérité saisissante (au point que les Espagnols en furent frappés). Et l'Espagne de Debussy, de Ravel, a une fascinante présence.
Guide d'écoute
 
   01 CHABRIER
España, rapsodie pour orchestre
En novembre 1880, Chabrier démissionna de son poste au ministère de 1'Intérieur, décidant qu'il était temps de se consacrer pleinement à la musique. Ses amis furent consternés, car ils considéraient cet amiable bon vivant comme un dilettante... Chabrier les laissa dire et composa l'année suivante ses Dix Pièces pittoresques qui témoignent de son génie pianistique. Puis il passa quatre mois en Espagne avec son épouse et en revint ébloui par toutes ces couleurs - et par la richesse de ce répertoire populaire si vivant. Sitôt de retour en France, il composa cette Espana - sa première œuvre exclusivement pour orchestre - un peu connue une carte postale (il n'avait pas d'autre prétention que de fixer ses souvenirs). L'oreille de Chabrier était sûre, car Manuel de Falla, expert en matière de folklore, rendit hommage à l'authenticité des deux airs de danse l'explosive jota aragonaise et la voluptueuse malagueña andalouse. L'orchestration est irrésistible de brio et d'invention. Du reste, personne n'y résista, car España fit un triomphe dès sa création (1883).
Chabrier / Orchestre: des Concerts Colonne, Direction: Pierre-Michel Le Conte
 Espana Rhapsodie pour orchestre
   02 TCHAIKOVSKI
Danse espagnole du Lac des cygnes
La première musique de ballet de Tchaïkovski. Commandé par le directeur des théâtres impériaux, Le Lac des cygnes fut créé le 4 mars 1877 au Bolchoï de Moscou. Cette page prend place à l'acte III, dans la scène des Danses nationales qui égaient le bal donné à la cour du prince Siegfried. Trois morceaux brillants, qui jouent sur la couleur locale puisque la danse espagnole aux rythmes sémillants y est associée à la mazurka et à la czardas. C'est un étincelant exercice de style qui montre la virtuosité d'orchestrateur de Tchaïkovski.
Tchaikovski / Orchestre: de l'Opéra de Monte-Carlo, Direction: Igor Markevitch
 Danse espagnole du Lac des cygnes
   03 BIZET
Aragonaise (Suite n° 1 de Carmen)
Un an auparavant, en 1876, Tchaïkovski avait fait un voyage en France, et il avait assisté à une représentation de Carmen. Les Parisien boudaient le chef-d'œuvre de Bizet depuis la première, qui avait eu lieu à l'Opéra-Comique le 3 mars 1875. Les critiques, sévères dans leur ensemble, avaient estimé que l'ouvrage manquait de plan et de clarté. En fait, il faudra attendre 1883 pour voir l'œuvre triompher. Tchaïkovski déplora cet aveuglement: Nul n'est prophète en son pays, écrira-t-il. Les Parisiens n'ont pas su comprendre Carmen. Néanmoins, je suis certain que d'ici dix ans, ce sera l'opéra le plus populaire du monde.
Comme il avait raison! Aucun opéra, sans doute, n'a connu un succès aussi universel que cette Carmen, qui fut jouée dans toutes les langues, et jusqu'en Chine. Et qui reste, pour beaucoup, le symbole de l'Espagne. De cette musique, Nietzsche, qui l'opposait aux brumes wagnériennes, disait: Elle a surtout ce qui est propre aux pays chauds, la sécheresse d'air, la limpidezza de l'air. Là, sous tous les rapports, le climat change. Là parle une autre sensualité, une autre sensibilité, une autre gaieté sereine... Sa gaieté est africaine. Bizet était trop soucieux de vérité pour ne pas avoir songé à faire le voyage en Espagne. Mais il y avait renoncé: Cela me gênerait, avait-il déclaré. II peignit l'Espagne d'imagination, ce qui ne veut pas dire qu'il l'inventa de toutes pièces, écrit Paul Landormy.
Ii est difficile de déterminer exactement quelles furent ses sources. On a beaucoup cité le recueil de mélodies intitulé Fleurs d'Espagne, publié en 1864 par Sébastien Yradier, maitre de chant de l'impératrice Eugénie. Bizet y puisa peut-être l'inspiration première de sa Habanera, mais en se libérant très largement de son modèle. Quant à cette Aragonaise, qui prend place au troisième entracte de Carmen, on ne peut imaginer plus authentique musique de danse espagnole. On a donné comme origine un air d'une opérette écrite en 1804 par le grand ténor Manuel Garcia (père de la Malibran et de Pauline Viardot), El criado fingido. Les points communs existent, mais il y a entre les deux tout le génie de Bizet: son Aragonaise est au fond beaucoup plus profondément espagnole que l'air du ténor sévillan.
Deux suites pour orchestre ont été tirées de Carmen la Suite n° I comprend le Prélude et les trois interludes instrumentaux séparant les quatre actes (1'Aragonaise constituant le 3e entracte); la Suite n° 2 comporte des orchestrations de différents extraits de l'opéra (notamment Avec la garde montante et cette fameuse Habanera chantée par Carmen à l'acte I: L'amour est enfant de Bohème).
Extrait de la Suite No 1 de CARMEN
Bizet / Orchestre: des Concertos de Paris, Direction: Pierre-Michel Le Conte
 Aragonaise de Carmen
   04 ANTON RUBINSTEIN
Toréador et Andalouse
Anton Rubinstein, enfant prodige qui parcourut l'Europe et compléta son éducation musicale en Prusse, se plaignait qu'on le considérât en Russie comme un Allemand et en Allemagne comme un Russe. II prouva du moins qu'il pouvait jouer à l'Espagnol avec Toréador et Andalouse, transcription pour orchestre de l'une de ses 125 mélodies, publiées en 9 cahiers entre 1852 et 1872. Cette facilité qu'on lui reprochait parfois dans ses œuvres plus ambitieuses (telles ses symphonies) fait ici merveille.
Rubinstein Anton / Orchestre: de Vienne, Direction: Boris Mersson
 Toréador et Andalouse
   05 LALO
Symphonie espagnole
Édouard Lalo, quoique originaire de Flandre française, était de lointaine ascendance espagnole. De là peut-être son goût pour les sonorités lumineuses et pour les fortes couleurs orchestrales. Son intérêt pour les rythmes ibériques n'était toutefois pas exclusif, puisqu'on lui doit aussi une Symphonie norvégienne et un Concerto russe. Sans parler de la Bretagne légendaire avec son opéra Le Roi dYs.
Cette Symphonie espagnole pour violon et orchestre (en réalité une sorte de concerto) fût créée le 7 février 1875 (quelques semaines avant Carmen) aux Concerts Populaires par le violoniste espagnol Pablo Sarasate, à qui l'œuvre était dédiée. Sarasate, interprète fêté aussi bien à Berlin et à Vienne qu'à Paris, composait aussi pour son instrument favori, et il est l'auteur d'une Fantaisie de concert sur des thèmes de Carmen, morceau de bravoure pour violon plus spectaculaire qu'inspiré.
Lalo / Violon: Christian Ferras, Orchestre: de l'Opéra de Monte-Carlo, Direction: René Klopfenstein
 Symphonie espagnole pour violon et orchestre 2e mouv. Scherzando
   06
Lalo / Violon: Christian Ferras, Orchestre: de l'Opéra de Monte-Carlo, Direction: René Klopfenstein
 Symphonie espagnole pour violon et orchestre 5e mouv. Rondo
   07 MASSENET
Toréador - Danse (ballet Espada)
On change de siècle, mais on reste en Espagne, avec ce ballet Espada, créé a l'Opéra de Monte-Carlo le 13 février 1908. Rien de bien révolutionnaire dans cette musique, mais un charme toujours efficace qui porte la marque de Massenet. Pour l'anecdote, signalons que derrière le nom du librettiste, J. R. Maugars, se cache le baron Henri de Rothschild. II est loin le temps où l'on reprochait à Massenet, à propos d'Esclarmonde (1889) de succomber aux attraits du wagnérisme.
Massenet avait décrit une Espagne plus âpre avec son opéra La Navarraise (1894), drame brutal et concis (2 actes) sur fond de guerres carlistes qui se conclut par la folie et la mort des deux personnages principaux. II y a là, de toute évidence, des réminiscences de Carmen, et une sorte d'avant-goût des opéras véristes de Mascagni et de Puccini (qui avait trouvé utile matière à réflexion dans l'œuvre de Massenet).
Massenet / Orchestre: de l'Opéra de Paris, Direction: Georges Sébastian
 Toréador Danse Ballet Espada
   08 RIMSKI—KORSAKOV
Capriccio espagnol
Comme tous les musiciens du groupe des Cinq, Nikolaï Rimski-Korsakov vouait une véritable vénération à Mikhaïl Glinka, le père de l'opéra russe. Or Glinka, qui avait voyagé dans la Péninsule ibérique en 1844-1845, avait été un précurseur de l'hispanisme musical avec son Capriccio brillante (1845), d'après une jota aragonaise, et ses Recuerdos de Castilla (1848), œuvre plus connue sous le titre Souvenir d'une Nuit d'été à Madrid.
C'est donc pour rendre hommage à Glinka que Rimski-Korsakov intitule Capriccio espagnol cette suite pour orchestre écrite en 1887 et composée de cinq parties: Alborada (ambiance de danses joyeuses et entraînantes, reprises par la clarinette et le violon solo); Variations (un thème d'un beau lyrisme, confié aux cors, aux bois et à la flûte); Alborada (reprise du premier thème, en alternance, par les bois et les cuivres, et le violon solo); Scène et chant gitan (la partie la plus brillante, orchestrée avec éclat, avec les harpes et les cordes qui imitent des accords de guitare); Fandango asturiano (on retrouve ici, dans l'ordre inverse, les deux thèmes de la partie précédente, soulignés, pour la couleur locale, par l'emploi des castagnettes, puis celui de l'Alborada).
Rimski Korsakov / Orchestre: Symphonique N.D.R. Hambourg, Direction: Pierre Monteux
 Cappricio espagnol
   09 DEBUSSY
Iberia
Achevée en 1908, Iberia est la deuxième des trois Images pour orchestre, dernière grande œuvre symphonique de Debussy. La troisième partie, Rondes de printemps, fut terminée en mai 1909, mais, miné par le cancer, il n'achèvera pas tout à fait la première partie, Gigues.
Debussy connaissait à peine cette Espagne qui le fascinait et dont il souhaitait livrer une image rêvée, une sorte de synthèse poétique. Le premier volet s'intitule Par les rues et par les chemins (J'entends les bruits que font les chemins en Catalogue, tout en même temps que la musique des rues de Grenade). Manuel de Falla fut ébloui par le rythme magique des sévillanes, que soulignent les castagnettes et les tambours de basque. Après ce tourbillon éblouissant, le deuxième volet, Les Parfums de la nuit, nous dévoile une Espagne nocturne plus ambiguë mais non moins enivrante, sensuelle et alanguie dans ses parfums. La lente et oppressante respiration de la nuit suit le rythme d'une habanera, tandis que les harmonies liquides des harpes et du célesta évoquent le chant des fontaines. Avec le troisième volet, La Matin d'un jour de fête, le sortilège se dissipe pour laisser place à l'euphorie dionysiaque des cortèges de fêtes. Puis vient la célébration de la guitare par l'ensemble des cordes.
Debussy / Orchestre: National de l'O.R.T.F., Direction: Charles Munch
 Iberia Les parfums de la nuit
   10 RAVEL
Boléro
Peu de morceaux sont aussi populaires que ce Boléro de 1928, musique d'un ballet dansé par Ida Rubinstein, sur une chorégraphie de Bronislava Nijinska. Le compositeur définira ainsi, avec la plus grande simplicité, cette œoeuvre de commande: J'ai composé un boléro pour orchestre. C'est une danse d'un mouvement très modéré et constamment uniforme, tant par la mélodie que par l'harmonie et le rythme, ce dernier marqué sans cesse par le tambour. Le seul élément de diversité y est apporté par le crescendo orchestral.
II est difficile, il est vrai, d'oublier cette obsédante répétition d'un même thème... Ravel, qui maniait l'auto-ironie comme personne, devait dire: Mon Boléro devrait porter en exergue "Enfoncez-vous bien cela dans la tête". Comment résister à la fascination de cette danse que Marcel Marnat définit comme étant à la fois mouvement et économie du mouvement, matière de lente transe pétrifiante dont on sort rompu sans pourtant avoir pu s'y mouvoir, tant cette musique où tout est prolifération reste entravée de façon fatale.
Toute la magie réside dans l'art avec lequel Ravel répartit entre les différents instruments de l'orchestre les mélodies et les rythmes. C'est l'application la plus simple, écrit le musicologue Hans Heinz Stuckenschmidt, des recherches de polytonalité de Stravinski.
Ravel / Orchestre: National de l'O.R.T.F., Direction: Maurice Le Roux
 Bolero
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