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Claude Chiasson
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© Mise à jour le 7 septembre 2014

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Collection Les Génies de la musique, CD No 08: Mozart à Paris
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 Pièce 
Compositeur / Interprète
 Titre 
        Le petit Mozart fit un premier séjour à Paris en 1763-1764. On s'y souvenait encore de la Querelle des Bouffons qui, dix ans auparavant, avait vu s'affronter si violemment, après les représentations de La Servante maitresse de Pergolèse, les partisans de l'opéra-bouffe italien, soutenus par Jean-Jacques Rousseau, et ceux de Rameau. Lorsque Mozart revint à Paris en 1778, une nouvelle polémique agitait la capitale, opposant cette fois les adeptes de l'opéra réformé de Gluck aux défenseurs d'une tradition italienne incarnée par Puccinni.
Guide d'écoute
 
   01 JEAN-JACQUES ROUSSEAU
Le Devin du village
Colette et Cohn s'aimaient d'amour tendre, jusqu'à ce que Colin eût la tête tournée par une belle et noble dame. Larmes de Colette : J'ai perdu tout mon bonheur; J'ai perdu mon serviteur. La bergère a alors recours au diseur de bonne aventure. En échange de quelques piécettes discrètement glissées dans un papier plié, ce philosophe de village, qui connaît le cœur humain, lui prodigue des conseils judicieux: L'amour croit, s'il s'inquiète; Il s'endort, s'il est content; La bergère, un peu coquette, rend le berger plus constant. Colette comprendra admirablement la leçon et n'aura pas de mal à désespérer Colin. Tout s'arrangera, bien sûr, grâce an devin qui feint de prononcer quelques formules magiques. Allons danser sous les ormeaux, chantent en cœur les villageoises, et Colette tire la morale de cette histoire : À la ville on fait bien plus de fracas; mais sont-ils aussi gais dans leurs ébats?
À la corruption des classes dirigeantes, Rousseau oppose ainsi la simplicité des mœurs campagnardes. On ne s'en étonnera pas, mais il agrémente cette petite fable morale d'airs ravissants, et ses vers sont d'une fraicheur exquise. D'où le triomphe de cet intermède pastoral écrie le 18 octobre 1752 à Fontainebleau, en présence de Louis XV. Quoique n'ayant point l'oreille musicienne, le roi fut séduit par ces ariettes si faciles à fredonner, et Madame de Pompadour tint à interpréter elle-même le rôle de Colette dans son théâtre de Choisy.
L'engouement fut universel, si bien que Le Devin du village a été l'ouvrage le plus joué en France pendant les 60 années suivantes. Succès qui engendra de nombreuses imitations. L'anglais Charles Burney (1726-1814), grand voyageur qui laissa de précieux témoignages sur la vie musicale française et italienne, en réalisa ne 1766 une adaptation intitulée The Cunning Man (L'homme rusé).
Favart en avait tiré auparavant l'argument d'un opéra-comique (plus ou moins parodié car jouant sur d'amusantes tournures patoisantes) intitulé Les Amours de Bastien et Bastienne. La belle Madame Favart, qui fut la première à imposer à la scène des costumes adaptés à la condition sociale des personnages, y fit sensation en apparaissant en modeste robe de laine et en sabots (ce qui changeait des bergers et bergères en habit de satin et perruque poudrée) L'ouvrage fut donnée à Vienne, dans une traduction allemande, en 1764, et c'est cette version qui servit de livret à Mozart pour le petit Singspiel que lui avait commandé le docteur Mesmer (qui devait plus tard se rendre célèbre à Paris par ses travaux sur le magnétisme). C'est donc dans le théâtre en plein air de la villa de Mesmer, rendez-vous de tous ceux qui, à Vienne, professaient des idées éclairées, que fut créé Bastien et Bastienne.
Bien qu'ayant marqué une date dans l'histoire de l'opéra-comique français, Le Devin du village n'appartient pas véritablement au genre, ne serait-ce que par l'absence de dialogues parlés. L'auteur a revendiqué comme modèle l'intermezzo à l'italienne (qui donna naissance à l'opéra-bouffe), dont il adopte les dimensions réduites (une durée d'une heure et seulement trois personnages), mais il n'utilise qu'assez rarement le brillant accompagnement qui caractérise le style italien. La plupart des airs sont soutenus par un simple continuo, leur charmante simplicité s'inscrit dans la plus pure tradition des siècles précédents. Rousseau - et ce n'est pas l'une de ses moindres contradictions - illustre ici ce génie spécifique de la musique française qu'il avait si véhémentement décrié hors de la Querelle des Bouffons.
Rousseau Jean Jacques / Orchestre: Collegium Academicum de Genève Direction: Robert Dunan
 Le devin du village
   02 GLUCK
Orphée et Eurydice
Je me suis proposé, écrivit Gluck, de dépouiller la musique des abus qui, introduits par la vanité mal entendue des chanteurs ou par une complaisance exagérée des maîtres, défigurent depuis longtemps l'opéra italien. Je pensai à restreindre la musique à son véritable office qui est de servir la poésie par l'expression, sans interrompre l'action et sans la refroidir par des ornements superflus.
Orphée et Eurydice fut le premier manifeste de cette réforme de l'opéra que Gluck appelait ainsi de ses vœux. Orfeo ed Euridice, plutôt, car c'est en italien que l'opéra fut créé au Burgtheater de Vienne le 5 octobre 1762. La sensation fut grande, car les Viennois étaient déroutés par bien des nouveautés des récitatifs accompagnés succédant aux récitatifs parlés, une action extrêmement concentrée (trois actes et trois personnages, Orphée, Eurydice, et le dieu de l'Amour) mais avec des chœurs et des ballets (les deux réglés par le chorégraphe Angiolini) jouant un rôle de premier plan pour la compréhension dramatique.
Le remarquable livret de Calzabigi prenait toutefois des libertés avec le mythe, puisque, à la fin de l'Acte III, le dieu de l'Amour, touché par la douleur d'Orphée, lui rend Eurydice: l'ouvrage fut donné pour l'anniversaire de 1'Empereur, et une fin tragique était impensable.
Pour Paris, Gluck conçut une version française révisée - plus longue - de l'opéra, ajoutant notamment trois mesures à l'admirable lamento d'Orphée: Che fara senza Euridice (qui devint J'ai perdu mon Eurydice ). Et il adapta le rôle d'Orphée, créé par le célèbre castrat Gadagni, pour le ténor Legros. Cet Orphée et Eurydice fut créé à l'Opéra le 2 août 1774.
En 1859, Berlioz proposa une nouvelle version, tentative de synthèse entre l'Orfeo de 1762 et la révision française de 1774, à laquelle le jeune Saint-Saëns collabora avec enthousiasme. Le rôle d'Orphée était tenu par la mezzo-soprano Pauline Viardot (sœur de la Malibran): c'était en quelque sorte un retour aux tessitures de l'original italien.
Gluck / Orphée: Leon Combe, Orchestre: Opera Society Orchestra of New-York, Direction: Nicholas Goldsmith
 Orphée et Eurydice
   03 PERGOLESE
La Servante maîtresse (La serva padrona)
Le 1er août 1752, la représentation de La Servante maitresse à 1'Opéra marqua le premier acte de cette fameuse Querelle des Bouffons qui mit Paris en ébullition. Des amis de toujours devinrent le lendemain des ennemis jurés. Certains en vinrent même aux mains! L'ouvrage, pourtant, n'était pas inédit en France, puisqu'il avait été donné en 1746 à la Comédie-Italienne sans soulever le moindre écho. Qu'y avait-il de changé? Les philosophes étaient passés par là, pour qui les opéras de Rameau perpétuaient les traditions du Grand Siècle, c'est-à-dire les fastes exécrés de la monarchie absolue. À l'apparat de la tragédie lyrique, l'esprit des Lumières opposait le plaisant naturel de ces petites farces à l'italienne, qui défendaient en somme les vertus bourgeoises.
En avance sur son temps, le président De Brosses avait découvert Pergolèse lors de son séjour en Italie en 1739: Ah! le joli génie, simple et nature!. On ne peut écrire avec plus de facilité, de grâce et de goût. Ses petits intermèdes sont charmants, si gais, si réjouissants. La Servante maitresse appartient en effet au genre de l'intermezzo, divertissement inséré entre les actes d'un opéra seria pour faire patienter le public pendant les changements de décor. Joués devant le rideau, ces intermèdes devaient comporter peu de personnages, et leurs sujets, faciles à suivre car connus de tous, s'inspiraient de la Commedia dell' arts.
En 1733, Pergolèse s'était vu commander par le San Bartolomeo, le plus important théâtre de Naples, Il prigioniero superbo, tin opéra seria qui obtint un vif succès. Moins toutefois que l'intermezzo La servants maîtresse, dont le texte était dû à Gennarantonio Federico (lequel avait déjà signé pour Pèrgolèse le livret de La frate 'nnamurato, délectable opéra-bouffe qui tirait de savoureux effets du dialecte napolitain). L'argument est fort simple: un barbon (Uberto) décide de se marier pour échapper à la tyrannie de sa servante Serpina, pestant contre ses humeurs de mégère dans cet aria Sempre in contrasti (Sans cesse des querelles) bien fait pour mettre en valeur l'agilité vocale et le talent comique d'une basse bouffe. Mais Serpina, fermement décidée à garder la haute main sur la demeure, saura se faire épouser, s'assurant la complicité du valet Vespone (un rôle muet, entièrement mimé).
Pergolèse mourut trois ans plus tard de tuberculose, à l'âge de vingt-six ans, sans savoir qu'on échangerait insultes et horions à Paris à cause de sa Servante maîtresse.
Pergolèse / Uberto: Franz Lindauer, Orchestre: de l'Opéra de Zurich, Direction: Armin Brunner
 La servante maitresse, Aria d'Uberto J'ai perdu mon Eurydice Acte III scène 1
   04 MOZART
Ah vous dirai-je Maman
Concerto pour flute et harpe en ut majeur K. 299
Sonate pour piano en la majeur K. 331
Symphonie no 31 en r6 majeur K. 297, (La Parisienne)
À la fin de l'année 1763, Paris avait fait fête à l'enfant prodige Mozart (âgé d'à peine 8 ans), grâce à l'avantageuse publicité orchestrée par le baron Grimm, l'ami des Encyclopédistes. La famille Mozart avait été invitée à Versailles pour le jour de l'An, le petit Wolfgang eut l'honneur d'être convié au grand couvert et placé à côté de la reine.
Quel contraste avec le triste séjour de 1778! Tout d'abord, le cœur de Wolfgang est resté à Munich, où il s'est amouraché d'Aloysia Weber, et ce n'est que pour obéir à son père Léopold, furieux de le voir épris dune jeune fille sans fortune, qu'il a pris à contrecœur la route de la France avec sa mère.
Peu s'en faudrait alors qu'il ne reste à Paris. II suffirait d'une protection, d'un poste à pourvoir... Mais Paris, inconstant dans ses engouements, n'aura qu'indifférence pour Mozart. Grimm, censé patronner le jeune musicien, joue du reste un rôle bien ambigu et ne fait rien pour l'aider. Bien plus, ii écrira à son père qu'il n'a aucune chance de se faire un nom dans la capitale. II est vrai qu'il en veut peut-être à son protégé de ne pas s'engager à ses côtés pour défendre l'opéra italien dans la querelle entre piccinistes et gluckistes (mais Mozart est réticent, car il a depuis toujours une grande admiration pour le chevalier Gluck).

Mozart, néanmoins, fait des démarches, obtient quelques résultats. En avril, le duc de Guisnes (ou de Guines, l'orthographe de l'époque étant fluctuante) lui commande ainsi un concerto qu'il veut jouer avec sa fille (il est un honorable flûtiste amateur et elle est une bonne harpiste). Ainsi naitra le Concerto pour flûte et harpe K. 299. L'Allegro est conçu pour mettre en valeur la virtuosité des solistes qui dialoguent entre eux et avec l'orchestre. Le chant de la flûte se marie ensuite aux fluides arpèges de la harpe dans 1'Andantino tout en tendresse et en douceur. Mais l'œuvre doit surtout sa popularité au Rondo final dont le rythme allègre évoque la gavotte. Mozart illustre avec brio le style français en sachant imprimer sa marque.
En mai-juin, Mozart compose la musique du ballet Les Petits Riens pour le grand chorégraphe Jean-Georges Noverre. II s'est aussi lié d'amitié avec Joseph Le Gros, directeur du Concert Spirituel, qui lui commande cette Symphonie en ré majeur, créée le 18 juin et très applaudie. Mozart a d'ailleurs soigneusement calculé ses effets pour plaire au public parisien, notamment dans ces deux mouvements rapides, d'une brillante couleur orchestrale.
Rentrant à son hôtel, au soir de ce succès, il trouve sa mère souffrante. Elle s'alitera 1e lendemain et ne se relèvera plus. Les médecins se montreront impuissants, et Anna Maria Mozart mourra le 3 juillet (sans doute de la typhoïde) loin de son mari et de son foyer.
Ayant avancé la somme nécessaire à l'enterrement, Grimm met l'orphelin dans la diligence, à destination de Salzbourg. Ainsi se termine tragiquement ce stérile épisode parisien de 1778. Mais c'est une chanson française qui inspirera à Mozart, en 1781, ses célèbres variations sur un thème de Ah vous dirai-je Maman.
On a si longtemps associé à Paris la Sonate pour piano en la majeur K. 331 que nous resterons fidèles à la tradition, bien que des études récentes aient démontré que cette pièce a été composée ultérieurement. L'Andante grazioso offre six variations sur un thème d'un grâce délicate, précédant le menuet qui constitue le deuxième mouvement.
Variations en Ut majeur, Variations 1, 3, 5, 11 et 12
Mozart / Piano: Daniel Blumenthal
 Ah vous dirai je maman Thème
   05
Mozart / Piano: Daniel Blumenthal
 Ah vous dirai je maman Variarion 1
   06
Mozart / Piano: Daniel Blumenthal
 Ah vous dirai je maman Variarion 3
   07
Mozart / Piano: Daniel Blumenthal
 Ah vous dirai je maman Variarion 5
   08
Mozart / Piano: Daniel Blumenthal
 Ah vous dirai je maman Variarion 11
   09
Mozart / Piano: Daniel Blumenthal
 Ah vous dirai je maman Variarion 12
   10 Pour le Duc de Guisnes et sa demoiselle en ut majeur, K.299
Mozart / Flûte: Christian Larde, Harpe: Marie-Claire Jamet, Orchestre: Paul Kuentz, Direction: Paul Kuentz
 Concerto pour flûte et harpe Allegro
   11
Mozart / Flûte: Christian Larde, Harpe: Marie-Claire Jamet, Orchestre: Paul Kuentz, Direction: Paul Kuentz
 Concerto pour flûte et harpe Andantino
   12
Mozart / Flûte: Christian Larde, Harpe: Marie-Claire Jamet, Orchestre: Paul Kuentz, Direction: Paul Kuentz
 Concerto pour flûte et harpe Rondo
   13
Mozart / Piano: Lili Krauz
 Sonate pour piano K331 1e mouv
   14
Mozart / Piano: Lili Krauz
 Sonate pour piano K331 2e mouv
   15
Mozart / Orchestre: Netherlands Philarmonic Orchestra, Direction: Otto Ackerman
 Symphonie No 31 Parisienne 1e mouv
   16
Mozart / Orchestre: Netherlands Philarmonic Orchestra, Direction: Otto Ackerman
 Symphonie No 31 Parisienne 3e mouv
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