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Claude Chiasson
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© Mise à jour le 7 septembre 2014

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Collection Les Génies de la musique, CD No 03: Requiem en majesté
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Guide d'écoute
 
   01 MOZART
Requiem K. 626 en ré mineur
1791 : une année noire, marquée de sinistres présages. Mozart, dans toute la plénitude de son génie, a dû faire ce constat amer après l'avoir idolâtré, les volages Viennois le jugent démodé. La mort de Joseph II, le 20 février 1790, l'a privé du seul appui qu'il pouvait espérer, et il est désormais considéré a la Cour comme un compositeur de second plan. Il n'a même pas été invité au sacre de Francfort, où Léopold II a reçu la couronne du Saint-Empire. Dans un sursaut d'orgueil, il a fait le voyage à ses frais, vendant pour cela ses derniers meubles, mais sans le moindre résultat.
Le seul secours vient d'Emanuel Schikaneder, compagnon de loge maçonnique qu'il a connu jadis à Salzbourg. Schikaneder, qui dirige maintenant dans les faubourgs le populaire théâtre Auf der Wieden, voué au Singspiel (opéra-comique allemand), lui a demandé de mettre en musique le livret qu'il vient d'écrire: La Flûte enchantée. C'est dans un état de profonde prostration morale que Mozart y travaille pendant l'été 1792, alors que Constance met au monde, le 26 juillet, son sixième enfant (des cinq autres, un seul a survécu).
Un soir se présente un mystérieux inconnu, vêtu de noir, qui refuse de dévoiler son identité. Il commande une messe de requiem et offre une avance. Le ménage vit d'expédients, les dettes s'accumulent, si bien que Mozart ne peut refuser. Mais il est péniblement impressionné, comme si on était venu 1ui annoncer sa fin prochaine, avouera-t-il à Constance...
La légende s'est emparée de cette étrange visite. Les romantiques ont vu dans l'homme en noir un messager de l'au-delà. Une autre thèse a été proposée par les historiens, il se serait agi du compositeur Salieri, se prêtant à cette funèbre mascarade pour jeter le trouble dans l'esprit d'un rival détesté. Cette version, que rien n'étayait, a néanmoins prévalu jusqu'en 1964. Erich Deutsch, à qui l'on doit la monumentale édition intégrale de la correspondance de Mozart, a alors élucidé le mystère. L'inconnu était en réalité le comte Franz von Walsegg, riche propriétaire terrien, passionné de musique, qui avait coutume d'acheter des oeuvres à des compositeurs de renom et de s'en attribuer ensuite la paternité. Or, le 14 février 1791, le comte avait perdu sa jeune femme, en mémoire de laquelle il avait fait élever un somptueux mausolée, et il désirait faire exécuter un requiem devant le monument.
Aucune intervention surnaturelle, donc dans cette commande qui fut bel et bien entérinée devant notaire. Quoi qu'il en soit, il est certain que Mozart fut frappé d'un funèbre pressentiment, et il ne travailla que très lentement à ce Requiem en ré mineur, malgré les cinquante ducats qu'il lui restait à toucher comme s'il craignait de hâter sa propre mort. Il avait d'ailleurs dû abandonner également la Flûte enchantée car il venait de recevoir une commande officielle quasi inespérée La Clémence de Titus, un opéra seria destiné à Prague (où Léopold II doit recevoir, selon 1a tradition, la couronne de Bohème).
Le 25 août 1791, Mozart part donc à Prague, achevant l'instrumentation de La Clémence de Titus durant cet épuisant voyage de quatre jours. Ses efforts auront été vains, car l'opéra recevra un accueil des plus froids.
Le retour à Vienne est morne. 11 faut terminer La Flûte enchantée, dont la première a lieu le 30 septembre. Le succès, d'abord très moyen, se confirme de représentation en représentation et tourne an triomphe. Une consolation qui vient trop tard pour Mozart, qui sent ses forces l'abandonner. Ce sont cependant ces derniers moments relativement heureux comme en témoignent ses lettres à Constance (sa santé, toujours délicate, la contraint prendre les eaux à Baden). Des lettres pathétiques par leur volonté de gaieté alors que s'annoncent de nouvelles difficultés matérielles.
A la mi-octobre, Constance rejoint son époux, qu'elle trouve dans un état de faiblesse alarmant. Les médecins avouent leur impuissance. Le 15 novembre, Mozart trace la dernière note de sa Cantate maçonnique (sur des paroles de Schikaneder) et il rassemble toute l'énergie qui lui reste pour son Requiem. Comme il sent que les instants lui sont comptés, il donne à son élève et disciple Franz Süssmayr de minutieuses instructions pour l'achèvement de oeuvre. Une amélioration illusoire se produit le 3 décembre : Mozart demande aux quelques amis fidèles rassemblés autour de son lit de chanter avec lui les airs déjà composés de ce Requiem qui l'obsède. Mais le 5 décembre, il rend le dernier soupir, laissant Constance désespérée - et sans argent. Nous en sommes réduits aux conjectures quant à la nature de la maladie qui l'emporta, probablement une inflammation rhumatismale aiguë.
La rumeur selon laquelle il aurait été empoisonné par son rival Saleri apparaît en tout cas dénuée de tout fondement. Mais cette thèse, plus conforme à la légende du génie maudit, devait séduire les romantiques, et Pouchkine en tira en 1831 une pièce intitulée Mozart et Salieri. Légende également cette tempête de neige qui aurait dispersé le cortège lors des funérailles, mais il est exact que Constance, pour éviter des dépenses inutiles, opta pour les obsèques les plus modestes (elle n'était pas en état d'y assister), ce qui impliquait l'inhumation dans la fosse commune. C'est pourquoi il n'a pas été possible de retrouver la dépouille mortelle du plus grand génie de la musique.
Le Requiem inachevé fut complété par Süssmayr, et Constance envoya comme prévu le manuscrit à l'éditeur Breitkopf de Leipzig qui devait l'imprimer. L'oeuvre fut jouée en 1794, pour le troisième anniversaire de la mort de la comtesse von Walsegg. II semble alors que le comte, voyant dans la mort de Mozart une circonstance propice, ait affirmé en être l'auteur, mais les trop nombreux témoignages le firent renoncer, et il borna ensuite ses prétentions à la transcription pour quintette à cordes qui était effectivement de sa main.
Il est évidemment difficile de déterminer quelles furent les parts respectives de Mozart et de Süssmayr dans ce Requiem en ré mineur, ce dernier ayant probablement valorisé son rôle, tandis que Constance avait au contraire tout intérêt à affirmer que son époux en avait déjà conçu toutes les parties. Les moyens modernes d'investigation (en particulier l'étude chimique des encres) indiquent qu'à la fin du mois d'août 1791 Mozart avait achevé l'Introït, le Kyrie et la première moitié de la Séquence, jusqu'au Recordare. Le Lacrimosa, le Doncine Jesu Christe et le Hostias ont peut-être été écrits pendant le mois de septembre.
Dans ces parties qui sont sans conteste de sa main, il n'est pas exclu que Mozart ait intégré des fragments dus a Süssmayr. Tout comme celui-ci a pu disposer, pour achever l'oeuvre, de notes et d'esquisses. En fait, on ne peut attribuer avec certitude à Mozart que la totalité de la partie pour le choeur à quatre voix et de la basse chiffrée (indication des accords par des chiffres, selon un code en usage, pour suggérer l'accompagnement), ainsi que l'instrumentation de l'Introït et du Kyrie. Quelle qu'ait été l'initiative personnelle de l'élève, on peut penser qu'il était suffisamment imprégné par la musique de son maitre pour ne pas en trahir l'esprit. Son travail a cependant été critique par d'éminentes personnalités musicales (dont Richard Strauss), qui l'ont jugé maladroit. Plusieurs tentatives ultérieures eurent lieu pour compléter le Requiem, et Benjamin Britten s'y essaya en 1970.
Ces considérations historiques n'enlèvent rien à la beauté de cette ultime oeuvre, moins variée dans la forme que la Messe solennelle en ut mineur de 1783 mais qui nous touche sans doute plus profondément par son élévation spirituelle. Les plaintes d'une humanité souffrante s'y expriment avec une émouvante délicatesse (le Kyrie, les gémissements du Lacrimosa) qui contraste avec la majesté de la fugue (initiale et finale) et du Rex tremendae majestatis (dont les chœurs traités en canon ont une grande puissance dramatique).
Dominé par la présence constante de ce chœur et par la sombre couleur des bassons et des cors anglais (instruments à vent de la famille des bois, sans rapport avec le cor), le Requiem fait largement appel aux trombones, intervenant traditionnellement dans la musique sacrée pour traduire les manifestations divines. Mozart, qui les utilisa dans cet esprit pour la scène du souper de son Don Giovanni, en fait ici un emploi remarquable en solo an début du Tuba mirum.

Mozart / Soprano: Heather Harper, Contralto: Ruth Hesse, Ténor: Thomas Page, Basse: Keith Engen, Orchestre: Opéra de Vienne, Direction: Pierre Colombo
 Requiem K626 Requien aeternam
   02
Mozart / Soprano: Heather Harper, Contralto: Ruth Hesse, Ténor: Thomas Page, Basse: Keith Engen, Orchestre: Opéra de Vienne, Direction: Pierre Colombo
 Requiem K626 Kyrie eleison
   03
Mozart / Soprano: Heather Harper, Contralto: Ruth Hesse, Ténor: Thomas Page, Basse: Keith Engen, Orchestre: Opéra de Vienne, Direction: Pierre Colombo
 Requiem K626 Dies irae
   04
Mozart / Soprano: Heather Harper, Contralto: Ruth Hesse, Ténor: Thomas Page, Basse: Keith Engen, Orchestre: Opéra de Vienne, Direction: Pierre Colombo
 Requiem K626 Tuba mirum
   05
Mozart / Soprano: Heather Harper, Contralto: Ruth Hesse, Ténor: Thomas Page, Basse: Keith Engen, Orchestre: Opéra de Vienne, Direction: Pierre Colombo
 Requiem K626 Rex tremende
   06
Mozart / Soprano: Heather Harper, Contralto: Ruth Hesse, Ténor: Thomas Page, Basse: Keith Engen, Orchestre: Opéra de Vienne, Direction: Pierre Colombo
 Requiem K626 Recordare
   07
Mozart / Soprano: Heather Harper, Contralto: Ruth Hesse, Ténor: Thomas Page, Basse: Keith Engen, Orchestre: Opéra de Vienne, Direction: Pierre Colombo
 Requiem K626 Confutatis
   08
Mozart / Soprano: Heather Harper, Contralto: Ruth Hesse, Ténor: Thomas Page, Basse: Keith Engen, Orchestre: Opéra de Vienne, Direction: Pierre Colombo
 Requiem K626 Lacrimosa
   09
Mozart / Soprano: Heather Harper, Contralto: Ruth Hesse, Ténor: Thomas Page, Basse: Keith Engen, Orchestre: Opéra de Vienne, Direction: Pierre Colombo
 Requiem K626 Domine Jesu Christe
   10
Mozart / Soprano: Heather Harper, Contralto: Ruth Hesse, Ténor: Thomas Page, Basse: Keith Engen, Orchestre: Opéra de Vienne, Direction: Pierre Colombo
 Requiem K626 Hostias Preces tibi
   11
Mozart / Soprano: Heather Harper, Contralto: Ruth Hesse, Ténor: Thomas Page, Basse: Keith Engen, Orchestre: Opéra de Vienne, Direction: Pierre Colombo
 Requiem K626 Sanctus dominus Deus
   12
Mozart / Soprano: Heather Harper, Contralto: Ruth Hesse, Ténor: Thomas Page, Basse: Keith Engen, Orchestre: Opéra de Vienne, Direction: Pierre Colombo
 Requiem K626 Benedictus
   13
Mozart / Soprano: Heather Harper, Contralto: Ruth Hesse, Ténor: Thomas Page, Basse: Keith Engen, Orchestre: Opéra de Vienne, Direction: Pierre Colombo
 Requiem K626 Agnus Dei
   14
Mozart / Soprano: Heather Harper, Contralto: Ruth Hesse, Ténor: Thomas Page, Basse: Keith Engen, Orchestre: Opéra de Vienne, Direction: Pierre Colombo
 Requiem K626 Lux aeterna
   15 VERDI
Messa da Requiem
En cette année 1873, Verdi est an sommet de sa carrière. La prestigieuse création d'Alda au Caire (24 décembre 1871), suivie de la triomphale première italienne à Milan (le 8 février 1872) l'ont mis à l'abri de tout souci matériel et des diktats des impresarios et des éditeurs. Elles sont bien finies ces périodes de labeur forcené qu'il appelait lui-même, ironiquement, ses années de galère. C'est alors qu'il est anéanti par une triste nouvelle : la mort Alessandro Manzoni (22 mai 1873), figure majeure du Risorgimento, dont le roman Les Fiancés a servi de modèle à toute la littérature italienne de la seconde moitié du XIXe siècle.
Depuis longtemps, Verdi, dont le nom a été le cri de ralliement des partisans de l'indépendance italienne, est un fervent admirateur de Manzoni. Lui, si susceptible, se sent humble devant ce grand patriote, qu'il considère comme un saint. Et il faudra que la comtesse Clara Maffei, leur amie commune, s'entremette pour qu'ils se rencontrent enfin, le 7 juillet 1868, bien qu'ils aient tous deux, en 1861, été élus députés du jeune royaume d'Italie. Pour Verdi, vite désillusionné par une vie politique sans éclat, se résumant désormais à des combinaisons électorales, Manzoni reste plus que jamais un personnage exemplaire.
Trop affecté, il n'eut pas le courage d'assister à ses obsèques, mais il accomplit un pèlerinage sur sa tombe le 2 juin. Afin d'honorer celui qu'il avait tant vénéré, il décida de lui dédier une messe de requiem, qui fut créée à Milan le 22 mai 1874, pour le premier anniversaire de sa mort. Il y intégra le Libera me écrit en 1868 après la mort de Rossini, pour une messe collective, à laquelle participèrent différents compositeurs, messe qui ne fut jamais jouée à la suite de désaccords dont Verdi porte en grande partie la responsabilité. Cette Messa da Requiem connut aussitôt un grand succès dans toute l'Europe, sans pour autant modifier l'image que l'on se faisait de Verdi. Certains déclarèrent qu'il s'agissait là d'un opéra en habit ecclésiastique.
Verdi / Soprano: Gloria Davy, Mezzo-soprano: Suze Leal, Ténor: Glade Peterson, Basse: Heinz Rechfuss, Orchestre: Opéra de Vienne, Direction: Granfranco Rivoli
 Requiem Dies irae Tuba
   16 BRAHMS
Requiem allemand
Le Requiem allemand porte la date de 1866 Brahms, a trente-trois ans, est à un tournant de sa vie et de sa carrière. Ce n'est plus le jeune homme timide mais farouchement indépendant, à l'existence vagabonde, qui parcours l'Allemagne en donnant des concerts. Ce n'est pas encore le colosse barbu et casanier, amateur de cigares, de libations et de bonne chère que les tenants de l'académisme opposent à Wagner, sans percevoir à quel point il a revivifié les traditions nationales.
Mais ce ne sont là que les apparences. Brahms, si discret quant à sa vie privée, a toujours été fidèle à lui-même et en premier lieu aux amitiés indéfectibles : Joszef Joachim, le violoniste légendaire qui créa son premier concerto, et par-dessus tout Robert Schumann dont la folie et la fin tragique le marquèrent à jamais - de même que jamais ne faiblit sa dévotion envers Clara Schumann, qui resta pour lui un précieux guide. Elle fut la première à entendre, joués an piano, des fragments de ce Requiem allemand.
C'est sans aucun doute l'ombre du grand musicien romantique qui plane sur cette œuvre grave et recueillie, également inspirée à Brahms par la mort de sa mère. Le terme même de requiem prête d'ailleurs à confusion car il ne s'agit pas au sens propre d'une pièce liturgique: Brahms, écartant le rituel catholique ou luthérien, a choisi ici des textes des Psaumes et de différents livres de la Bible.
Le Requiem allemand comportait initialement six mouvements, mais Brahms, insatisfait, en a ajouté un septième (en cinquième partie) après la création à Brême, pour le Vendredi Saint de l'année 1868, et l'oeuvre a ainsi trouvé sa symétrie et sa plénitude.
La sixième partie, la plus développée et la plus inventive musicalement, est celle où le sentiment religieux se manifeste avec le plus de force. Rarement pièce religieuse a exprimé avec une telle sérénité l'abandon à la volonté divine et la confiance en une vie éternelle. C'est l'angoisse de la mort qui est exorcisée.
Brahms / Soprano: Teresa Stich-Randall, Baryton: James Pease, Orchestre: Singakademie et Norddentsches de Hambourg, Direction: Carl Bamberger
 Requiem allemand No 6, Denn wir haben
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